Le don en tant que phénomène juridique n’est pas aussi simple qu’il y paraît. En surface, cela peut sembler se faire de manière facile et simple, mais pour qu’un don soit juridiquement valide, plusieurs conditions légales doivent être remplies. Il est crucial de les connaître, car il n’est pas exclu que quelqu’un puisse se retrouver dans une situation compliquée en essayant simplement de donner un objet à une autre personne. Voici quelques éléments importants du don qui intéressent également la loi.
1.Que signifie le terme « don »?
En pratique, le contrat de donation n’est rien d’autre qu’une promesse faite par une personne (le donateur) à une autre (le donataire), selon laquelle le premier transfèrera au second un bien, dans le but immédiat d’augmenter le patrimoine du second. La caractéristique du don est que le donataire n’a aucune obligation légale et, par conséquent, il accepte simplement le bien qui lui est offert.
Il est crucial que le donateur souhaite être juridiquement engagé par le contrat de donation. Une fois le contrat établi, le donateur s’est engagé envers le donataire et doit respecter cette promesse. Nous verrons plus loin les conséquences en cas de non-exécution de cette promesse. Il est important de retenir ici que les actes quotidiens de générosité entre personnes ne sont pas juridiquement considérés comme des donations (par exemple, donner de petites sommes d’argent aux enfants par des membres de la famille).
Il est également important de surveiller les donations effectuées, car si elles portent atteinte à la réserve légale des héritiers dans le patrimoine du donateur, ces derniers peuvent intenter une action en justice contre le donataire et demander l’annulation de la donation, même plusieurs années après sa réalisation, dans la mesure où elle porte atteinte à leur réserve légale.
2.Comment effectuer un don légalement?
Pour qu’une donation soit valide, la loi exige que certaines conditions soient remplies. Nous mentionnerons ici ce qui est également applicable dans la pratique quotidienne, car cela est également prévu par la loi. Plus précisément, une donation nécessite :
- Que le donateur fasse une promesse au donataire de fournir un bien.
- Ce bien peut être spécifié (par exemple, une voiture, un appartement, etc.), ou peut inclure l’ensemble du patrimoine du donateur.
- Cette promesse doit augmenter le patrimoine du donataire, soit en augmentant son actif, soit en réduisant son passif (dettes).
- Il n’est pas nécessaire que le patrimoine du donateur diminue par la donation.
- Cela signifie que le bien objet de la donation n’a pas besoin d’appartenir au donateur. Étant donné que le donateur fait une promesse, jusqu’à ce qu’elle soit remplie, le bien peut appartenir au patrimoine d’une tierce personne.
- Les parties doivent convenir de l’absence de contrepartie, c’est-à-dire que la prestation de l’une à l’autre est faite gratuitement sans aucune attente de compensation.
- Si le donataire accepte la proposition du donateur, il y a alors une cause légale pour qu’il conserve le bien dans son patrimoine. En l’absence de cette cause légale, le donataire serait obligé de le retourner au donateur.
3.Sous quelle forme doit être faite une donation?
Pour ce qui est du type nécessaire à la conclusion du contrat de donation et afin qu’il soit considéré comme valide, la loi est claire. En particulier, pour la donation de tout objet, il est nécessaire d’établir un acte notarié pour que la donation produise ses effets juridiques. Cela concerne aussi bien les biens mobiliers qu’immobiliers. Cette question est cruciale, car en général, seuls les biens immobiliers nécessitent un acte notarié, tandis que les biens mobiliers peuvent être transférés par simple livraison (à l’exception des véhicules pour lesquels des règles spécifiques s’appliquent).
Les observations ci-dessus s’appliquent au contrat de donation et à tout autre contrat conclu pour exécuter le premier. Si un avant-contrat a été conclu, il doit également être fait par acte notarié, conformément à la règle générale selon laquelle le type de l’avant-contrat est toujours le même que celui du contrat principal. Cela s’applique également au contrat de transfert du bien qui sera exécuté lorsque la donation sera effectuée au donataire.
Afin de maintenir la sécurité des transactions, le législateur prévoit une exception importante en cas de non-respect de la forme notariée requise pour la donation, mais où le bien a été remis au donataire. Plus précisément, il stipule que la donation sera valide malgré l’absence de forme, car il suffit que le bien soit livré au donataire pour que la donation soit considérée comme exécutée. Cependant, cette exception ne peut s’appliquer aux donations immobilières, car d’autres règles s’appliquent, avec la forme notariée et la nécessité d’enregistrer l’acte étant les plus importantes.
4.Le donateur est-il responsable de l’objet donné ?À quelles conditions?
La loi, afin de traiter favorablement le donateur, établit une responsabilité limitée pour lui. Elle stipule que le donateur est responsable envers le donataire uniquement s’il a agi avec intention ou négligence grave. Cette clause de responsabilité se rapporte généralement à la livraison de l’objet par le donateur au donataire, c’est-à-dire comment il sera tenu responsable s’il ne livre pas l’objet, s’il le livre en retard, etc. Naturellement, les parties peuvent convenir dans le contrat d’une responsabilité plus étendue pour le donateur, telle que la responsabilité pour négligence légère envers le donataire.
Concernant les défauts matériels et juridiques de l’objet, le donateur n’est pas responsable si l’objet présente des défauts. Cependant, il sera responsable envers le donataire s’il a promis que l’objet était sans défauts, ainsi que s’il a intentionnellement dissimulé un défaut qu’il connaissait. Toutefois, le donateur ne sera pas responsable si le donataire connaissait le défaut et acceptait/livrait l’objet sans réserve, ne pouvant alors invoquer le défaut ultérieurement.
Ainsi, dans les cas où l’une des exceptions ci-dessus s’applique et où le donateur est responsable, le donataire aura le droit de demander la correction des défauts ainsi qu’une indemnisation pour les dommages subis en raison des défauts de l’objet. Il convient de souligner ici qu’il est différent que l’objet ne possède pas une qualité spécifique et que le donataire subisse un dommage à son patrimoine en raison de la défectuosité de l’objet, surtout si cela peut provoquer un accident. Dans ce dernier cas, une indemnisation plus importante sera évidemment due par le donateur au donataire pour le dommage subi.
5.Pour quels motifs un don peut-il être révoqué?
Pour certains motifs spécifiquement énumérés par la loi, il est prévu que le donateur puisse révoquer le don du donataire, annulant ainsi la cause légale de la possession de l’objet par ce dernier, permettant au donateur de le reprendre, même par une action en enrichissement sans cause. Les motifs pour lesquels la révocation du don est permise sont les suivants :
- Si le donataire a fait preuve d’ingratitude envers le donateur, c’est-à-dire s’il a commis une faute grave contre celui-ci ou son conjoint/proche parent, etc. Cette faute comprend également le fait que le donataire cesse de nourrir le donateur alors qu’il avait l’obligation légale de le faire.
- Si le donataire a tué illégalement ou tenté de tuer le donateur avec intention. Il en va de même s’il l’a empêché de révoquer le don. Dans ce cas, les héritiers du donateur, individuellement, ont le droit de révoquer le don (puisque le donateur n’est plus en vie pour le faire lui-même).
- Si le don a été établi avec une condition (juridiquement appelée modalité), et que le donataire, bien qu’il ait reçu l’objet, ne remplit pas pour une raison quelconque la condition posée par le donateur. Les héritiers du donateur peuvent également révoquer le don ici, en raison du long laps de temps qui peut s’être écoulé depuis la conclusion du don.
- Si le donateur, après la conclusion du don, a un enfant légitime ou un enfant assimilé à un enfant légitime, et que cinq ans ne se sont pas écoulés depuis la conclusion du contrat de donation. Il est supposé que le donateur n’avait pas d’enfants lorsqu’il a fait le don initialement, et qu’il en a eu par la suite.
6.Quand le droit de révocation est-il perdu?
Conformément à la loi, il existe certains motifs pour lesquels le donateur peut révoquer le don du donataire. De même, il existe des motifs pour lesquels le droit de révocation du don est perdu, c’est-à-dire que la disposition du don reste entre les mains du donataire et ne peut pas être réclamée par le donateur. Le droit de révocation est donc perdu si :
- Le donateur pardonne au donataire pour la faute/le comportement commis à son encontre. Le pardon peut être tacite, c’est-à-dire qu’il peut être déduit de tout le comportement du donateur. Cependant, si le don a déjà été révoqué, aucun pardon ne peut être accordé au donataire pour sa faute.
- Il s’est écoulé un an depuis que le donateur a appris qu’il existe un motif de révocation parmi ceux mentionnés ci-dessus et n’a pas révoqué le don. Cependant, si le donataire a commis plusieurs fautes, ce délai commence à courir à partir de la dernière faute commise.
- Le donataire décède au moment où le donateur décide de révoquer le don. Cela se produit afin que les héritiers du donataire ne soient pas tenus responsables des actes de ce dernier, surtout s’il s’est écoulé un certain temps.
- Le donateur renonce au droit de révocation. Il convient de noter ici que la renonciation rétroactive du donateur au droit n’est autorisée que si le motif de révocation est connu et si les conditions pour révoquer le don sont effectivement remplies.
7.Le donateur peut-il refuser l’exécution de la donation?
Dans plusieurs types de donations, le donateur promet initialement au donataire qu’il lui fera don de l’objet et effectuera plus tard son transfert. Cependant, entre-temps, la situation économique du donateur peut s’aggraver pour diverses raisons, rendant ainsi impossible l’accomplissement de la donation promise au donataire.
Pour protéger juridiquement le donateur, la loi lui permet d’invoquer à l’encontre du donataire l’exception dite de « bénéfice d’insolvabilité », c’est-à-dire de prétendre que la mauvaise situation économique dans laquelle il se trouve ne lui permet pas de transférer la prestation au donataire, comme il l’avait promis. Cela s’applique également si un membre proche (conjoint/enfants, etc.) de la famille du donateur se trouve dans une situation économique similaire.
Il est important de mentionner que la raison de la mauvaise situation économique du donateur ou de ses proches est indifférente pour la loi=même s’ils ont eux-mêmes causé leur insolvabilité, ils peuvent invoquer cette exception à l’encontre du donataire. Parallèlement, étant donné qu’il s’agit d’une situation temporaire, puisque la situation économique du donateur peut changer à l’avenir, cette exception a une validité temporaire, et de même, le donataire pourra à l’avenir réclamer la prestation au donateur.
8.Je veux faire un don sous condition.Est-ce légal?
Dans de nombreux types de dons, notamment entre parents, pour s’assurer que le donataire continuera à prendre soin du donateur (s’il avait une telle obligation légale), il est convenu que le don conclu entre eux sera valide à condition que le donataire prenne certaines mesures/omissions/tolérances. Cependant, les mêmes règles pour la conclusion du don s’appliquent ici également, et donc celui-ci doit encore être conclu par un acte notarié.
La manière n’est rien de plus qu’un acte/omission du donataire envers le donateur ou même un tiers (par exemple, prendre soin d’une personne âgée, réparer la maison d’un membre de la famille, etc.). Il est également indifférent que la manière ait un contenu patrimonial ou non. Il se peut même que la prestation à laquelle le donataire est tenu par la manière soit périodique (par exemple, le donataire doit verser 100 euros chaque mois au donateur).
Dans le cas où la disposition du don concernant la manière est contraire à la loi ou à la morale, elle sera alors nulle et non avenue et ne s’appliquera pas. Cependant, le reste du don reste valide et en vigueur, car il n’est pas affecté par la nullité de la manière. En tout cas, il convient de déterminer ce que les parties ont convenu entre elles (ainsi que ce qu’elles voulaient vraiment convenir).
9.Comment doit être exécutée la modalité pour que la donation soit valide?
En ce qui concerne l’exécution de la modalité établie pour la donation, quelques observations doivent être faites pour éclaircir le paysage. Plus précisément, l’exécution de la modalité :
- Peut être exigée par celui en faveur duquel elle a été établie (par exemple, l’héritier du donateur, l’État ou toute autre tierce personne). Une personne en faveur de laquelle la modalité n’a pas été établie ne peut pas exiger du donataire l’exécution de celle-ci.
- Le donataire peut refuser d’exécuter la modalité si la valeur de l’objet du don ne couvre pas les dépenses nécessaires objectivement pour son exécution. Cela s’applique bien entendu à condition que le donataire n’ait pas réduit intentionnellement ou par négligence la valeur de l’objet du don.
- Si le donataire refuse injustement d’exécuter la modalité, il peut être contraint par les personnes mentionnées ci-dessus à le faire, même par le biais d’une action en justice.
- La règle en matière de donation sous condition est que l’objet de la donation doit être remis à l’avance par le donateur au donataire, afin que ce dernier puisse ensuite exécuter la modalité.
- Dans le cas où la valeur de l’objet du don est partiellement suffisante pour exécuter la modalité, le donataire est tenu d’exécuter la modalité dans la mesure où ses dépenses sont couvertes par la valeur de l’objet. Il convient bien sûr d’examiner les circonstances afin que la demande du donateur envers le donataire pour l’exécution de la modalité ne soit pas considérée comme abusive, c’est-à-dire qu’elle ne soit pas réellement justifiée.
10.Quelle est la différence entre la donation par devoir moral particulier et la donation normale?
Ce type spécifique de donation diffère de la donation « classique » que nous avons vue ci-dessus en ce qui concerne les motivations à la base. En effet, dans ce cas de donation, le donateur fournit en raison d’un devoir moral accru, pas celui que nous voyons quotidiennement dans les transactions et les relations humaines, une prestation au donataire.
Peu importe comment les parties qualifient la donation, car le seul compétent pour déterminer s’il existe un devoir moral particulier dans la donation en question est le juge. Un exemple caractéristique de devoir moral particulier dans une donation est la fourniture d’objets entre frères et sœurs et en général entre parents, surtout lorsqu’il s’agit d’événements importants dans la famille comme un mariage, le baptême d’un enfant, etc. Cependant, les critères sont fluides et peuvent également inclure d’autres cas.
La règle qui distingue la donation par devoir moral particulier est que celle-ci ne peut être révoquée pour aucune des raisons mentionnées ci-dessus. Cela est important car même si le donataire se montre ingrat envers le donateur, ce dernier ne peut pas révoquer le don qu’il a fait. De même, il ne peut pas intenter une action en enrichissement injustifié pour récupérer la prestation qu’il a faite, car ce qui est donné par bienséance/devoir moral particulier ne peut pas être recherché par enrichissement injustifié.
À côté du client et de ses besoins.
Athéna Kontogiánni – Avocate
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